L'eau potable: tentons d'y voir plus clair. (1)
Ressources d’eau brute : Les eaux brutes peuvent être des eaux de surface : plan d’eau, rivière, ou des eaux profondes : source ou forage.
Traitement des eaux brutes : Avant d’être distribuées au robinet, les eaux brutes subissent des traitements. La chloration, systématique sur tous les captages, détruit microbes et bactéries. On peut la remplacer par une exposition aux ultra-violets. Quand les eaux brutes contiennent molécules chimiques indésirables ou particules en suspension (eau turbide), elles font l’objet de traitements complémentaires : filtration au charbon actif ou filtre à sable. Dans certains cas, on peut traiter par floculation, décantation, ultrafiltration ou osmose inverse.
Contrôles de qualité : Ces contrôles sont prescrits par l’ARS, Agence Régionale de Santé. Les analyses sont effectuées sur les eaux brutes et sur les eaux traitées qui seront délivrées aux robinets.
Types d’analyses :
* Analyse bactériologique : Dose les bactéries, le chlore, l’aspect, l’odeur... Ces analyses sont généralement conformes, sauf défaut de chloration.
* Analyses bactériologiques étendues : On trouve les mêmes informations que dans une analyse bactériologique simple mais ces analyses dosent aussi les pesticides les plus fréquents. Les pesticides sont repérés par ≤ 0,1µg/L (inférieur ou égal à 0,1 microgramme par litre) dans la colonne "limite de qualité".
* Analyses physico-chimiques : Ces analyses peuvent répertorier jusqu’à 400 molécules chimiques de toute nature, classées par ordre alphabétique : pesticides, minéraux, métaux, solvants, produits chimiques industriels comme les PCB (Polychlorobiphényles), composés halogénés (contenant chlore, brome, iode ou fluor), produits de réaction du chlore avec les molécules organiques...
Elles sont incompréhensibles par des personnes n’ayant pas de solides connaissances en chimie et rien n’est fait pour les rendre accessibles.
Fréquence des analyses physico-chimiques : Varie selon le débit de la source et le nombre d’habitants desservis. Entre une fois tous les deux ans pour les petites sources et une fois par mois et plus pour grandes villes.
Cadre légal : Les analyses d’eau doivent être accessibles à tous les citoyens dans les mairies. Même si vous n’êtes pas en capacité de comprendre tous les détails, vous pouvez lire l’avis de l’ARS en début du document. Exigez que ces documents soient disponibles sur les panneaux d’affichage communal.
Protection des captages : Afin d’éviter que des molécules chimiques indésirables se retrouvent dans l’eau, les captages doivent être protégés.
Tous les captages doivent faire l’objet d’une DUP (Déclaration d’Utilité Publique).
* La DUP est matérialisée sur le terrain par un Périmètre de Protection Immédiat (PPI), zone close qui protège les installations de pompage et de chloration. Aucun produit chimique n’est autorisé dans ce périmètre.
* Autour du PPI, est instauré un Périmètre de Protection Rapprochée (PPR). Dans ce périmètre, des prescriptions réglementent les activités polluantes : Dépôts de tas de fumier, utilisation de pesticides, rejets de polluants industriels, conformité des assainissements individuels et collectifs...
* Dans les cas de nappe phréatique très étendue et vulnérable, un Périmètre de Protection Éloigné (PPE) peut être instauré. Dans cette zone, certaines activités polluantes peuvent être interdites ou restreintes.
Les captages dits prioritaires ou classés Grenelle font l’objet d’une étude BAC: Étude de Bassin d’Alimentation de Captage.
* La première opération consiste à définir la surface qui contribue à alimenter le captage appelée aire d’alimentation du captage.
* Sur cette zone, on recherche ensuite tous les risques potentiels de pollution : Pesticides, rejets industriels, assainissement individuels défaillants...
* Sont détectés aussi tous les secteurs vulnérables, ceux dans lesquels une pollution de surface atteindra rapidement l’eau de la nappe.
* La dernière phase consiste à négocier avec les industriels, les gestionnaires d’infrastructures et les agriculteurs, des changements de pratique, pour bannir tout rejet polluant dans ces zones. Dans l’idéal, sur zone vulnérable, on ne devrait autoriser qu’agriculture biologique, pâturages permanents ou couverts forestiers.