plante-environnement
(1) Relations plantes insectes
Les insectes interagissent avec les plantes:
Insectes nuisibles aux plantes: On peut ranger dans cette catégorie : Altise, balanin,
bruche, charançon, doryphore, chrysomèle, criocère, meligète...
Auxiliaires prédateurs : Le carabe détruit les balanins de la noisette
Coccinelles, perce-oreille (forficule), chrysope, mangent les pucerons....
Auxiliaires polinisateurs : abeilles, osmies, bourdons, papillons...
Les recycleurs transforment la matière organique : Bousiers, longicornes, collemboles...
Les parasitoïdes pondent leurs œufs dans les larves des parasites :
Aphelinus et Aphidius (micro guêpes) pondent leurs œufs dans les pucerons.
Encarsia pond ses œufs dans les nymphes de la mouche blanche (aleurode)
Les trichogrammes (micro guêpes) parasitent pyrale du maïs, piéride du chou...
Les plantes attaquées par des prédateurs se défendent:
En fabricant des composés toxiques ou des odeurs répulsives
En émettant des molécules aromatiques qui attirent les auxiliaires (signaux SOS)
Les capacités d’autodéfense ont été négligées par les sélectionneurs... |
Hôtels à insectes et plantes hôtes:
On peut favoriser la présence des insectes protecteurs, butineurs et parasitoïdes en
installant un hôtel à insectes et les plantes qui facilitent leur développement.
Orties pour coccinelles, syrphes, perce-oreille et certains papillons
Carottes, fenouil, aneth pour les micro guêpes ...
On peut aussi aménager des lieux d’accueil pour hérissons, chauve-souris, oiseaux insectivores, lézards... et une mare pour les amphibiens.
Stratégies contre les ravageurs:
--> Eviter de cultiver de grandes surfaces de la même espèce qui attirent des prédateurs spécifiques. Pour dérouter les prédateurs, on peut : Fractionner en plusieurs planches, intercaler d’autres cultures, cultiver plusieurs espèces en mélange...
--> Pratiquer la rotation des cultures pour éviter que les larves de l’année précédente ne retrouvent leur plante préférée à la même place.
--> Utiliser les propriétés des plantes pour :
Attirer les papillons : buddleia
Piéger les pucerons : grande capucine
Repousser les altises : thym, sauge, sarriette...
Dérouter les noctuelles (vers gris) : souci
Attirer les butineurs : Plantes mellifères : fenouil, lavande, origan, thym, bourrache...
Il faut plusieurs années pour retrouver ensuite un équilibre |
(2) Relations plantes sol
La vie du sol se concentre dans les premiers centimètres superficiels. C’est dans cet espace que vivent bactéries, microorganismes, champignons microscopiques qui assurent la transformation de la matière organique, la fixation d’azote atmosphérique et d’eau.
La rhizosphère, espace de sol proche des racines, est particulièrement riche en microorganismes, vivants en interaction avec la plante. Les bactéries bénéficient des acides organiques et des sucres fournis par la plante. Elles décomposent la matière organique et fournissent à la plante de nombreux nutriments.
La mycorhization est l’association entre racines de la plante et mycélium des champignons. Les filaments microscopiques du champignon pénètrent dans les racines et échangent des nutriments avec la plante : phosphore, eau, oligoéléments... Les mycorhizes renforcent ainsi la vitalité des végétaux.
Les légumineuses, (fabacées, papilionacées) présentent la particularité d’héberger dans leurs racines des bactéries fixatrices d’azote, les ribosomes. Les bactéries forment des petites nodosités racinaires caractéristiques. Dans cette famille on trouve : haricots, pois, lentilles, luzerne, trèfle, lupin...
Les vers de terre sont des acteurs indispensables de la fertilité du sol. Ils digèrent la matière organique qu’ils restituent sous forme de "tortillons". Ils aèrent le sol, améliorant ainsi la pénétration des racines et la circulation de l’eau et ramènent en surface des éléments minéraux puisés en profondeur...
En agriculture intensive le sol est exploité comme un support de culture
--> Les engins agricoles lourds tassent le sol et détruisent les vers de terre
--> Les labours profonds ensevelissent la couche vivante du sol
--> Les fongicides détruisent les champignons microscopiques du sol
--> L’apport de matière organique est insuffisant pour conserver l’humus Les variétés végétales utilisées, adaptées aux engrais concentrés, ont un système racinaire peu développé et superficiel, contrairement aux variétés anciennes
L’agriculture de conservation respecte la vie du sol par :
La réduction du travail du sol qui laisse travailler les vers de terre
--> Les semis sont effectués sans retournement préalable du sol directement sous couvert végétal avec des matériels adaptés
La couverture végétale permanente qui :
--> Structure le sol grâce à ses racines, limite l’érosion pluviale et éolienne
--> Régule les mauvaises herbes
--> Produit de la matière organique source d’humus, retient l’eau, fixe le carbone
--> Limite le besoin d’engrais et de produits chimiques
La rotation des cultures intégrant des légumineuses fixatrices d’azote
L’agriculture biologique n’utilise aucun produit chimique toxique pour la vie du sol.
L’agroécologie désigne un système de production agricole qui prend en compte l’ensemble des interactions plantes sol insectes oiseaux animaux.
L’agroforesterie est un mode d’exploitation agricole associant des arbres avec cultures ou pâturages.
NB: selon les résultats d'une étude récente menée par Christian VELOT , le glyphosate détruit les champignons du sol, qui assurent une bonne partie de la fertilité. Contrairement à la publicité qui disait: le glyphosate laisse le sol propre, il faudrait plutôt dire: le glyphosate laisse un sol mort.
(3) Relations entre plantes
Les plantes poussant ensemble se partagent l’énergie solaire, les nutriments du sol et se procurent des services mutuels
Culture de même espèce, variétés mélangées
Blés ou maïs en mélange
Réduction de la sévérité des maladies
Rendements identiques aux variétés pures
Meilleure résistance à la verse
Cultures d’espèces différentes
Céréale, légumineuse
Le trio triticale, avoine, pois, remplace le maïs ensilage. Les pois apportent de l’azote et grimpent sur les tiges des graminées
Forte production de matière sèche
Culture facile sans irrigation et avec peu d’intrants
Colza, légumineuse
On utilise de préférence une légumineuse gélive qui s’élimine spontanément pendant l’hiver (gesse, fenugrec, féverole, lentille, vesce pourpre, trèfle d’Alexandrie).
Les légumineuses apportent de l’azote aux cultures.
Haricot tarbais, maïs
Culture traditionnelle du sud-ouest
Le maïs sert de tuteur au haricot
Le maïs bénéficie de l’azote apporté par les haricots
Le haricot tarbais bénéficie d’une IGP depuis 2000
Milpa, les trois sœurs
--> Culture traditionnelle des indiens d’Amérique centrale, elle associe maïs, haricot et courges.
--> Le maïs sert de tuteur au haricot qui apporte de l’azote au maïs. Les courges couvrent le sol, conservent l’humidité, et étouffent les mauvaises herbes.
Push-pull, la stratégie
--> Inventé par Thomas Risley Odhiambo (Kenya), ce système est efficace contre les « perce-tige » du maïs ou du sorgho et les mauvaises herbes.
--> Semé dans la parcelle avec le maïs, le desmodium couvre le sol, limite les mauvaises herbes et repousse les ravageurs. En périphérie de la parcelle, l’herbe à éléphants produit un liquide collant qui piège les larves des perce-tige. De surcroit, elle sert de fourrage au bétail
Permaculture, la robustesse
--> Concept popularisé par Bill Mollison et David Holmgren, la permaculture est l’art de cultiver la terre durablement dans le respect des milieux naturels et des générations futures.
--> En stimulant la fertilité du sol, par le choix des plantes associées, la permaculture vise une bonne productivité alimentaire avec un minimum d’intervention humaine.
--> La forêt comestible, ou jardin forêt, associe arbres fruitiers, cultures vivrières, plantes aromatiques, fleurs. Elle se développe et fonctionne de manière quasiment autonome.
(4) Transition agricole
L’agriculture productiviste mène à une impasse
--> Consommation excessive d’énergie (Fuel, engrais, 1kg d’azote = 3 litres de pétrole...)
--> Diminution de fertilité des sols (Altération de la vie du sol, perte d’humus...)
--> Pollutions des eaux par les nitrates et produits de traitement...
--> Vulnérabilité au changement climatique...
Aujourd’hui, l’utopie a changé de camp. Etre utopiste consiste désormais à croire que tout peut continuer tel quel. Car nous avons la certitude qu’une politique de statu quo mène à une impasse et à des bouleversements qui dépassent l’entendement. Pablo Servigne
Les bases de l’agriculture de demain :
Restauration de la vie des sols par des méthodes agronomiques adaptées, non agressives pour les champignons, bactéries, acariens et insectes qui entretiennent la fertilité naturelle.
Diffusion des méthodes de culture économes en traitements chimiques, en carburant, respectueuses de l’eau et de la santé.
Légalisation des préparations naturelles purins, décoctions de plantes et autres produits peu agressifs pour l’environnement et les insectes auxiliaires.
Retour aux semences paysannes adaptées aux sols naturels, exemptes de bricolage génétique et non soumises à des brevets. Les semences paysannes devraient devenir le point de départ des variétés du futur
Recherches sur les champignons et bactéries du sol :
Ces éléments encore mal connus peuvent produire :
--> Des plastiques biodégradables
--> Des moyens de décontamination des sols (dioxines, métaux lourds, radioactivité...)
--> Des enzymes utilisables pour la chimie verte
--> Des médicaments contre le cancer
--> Des substituts aux antibiotiques (bactériophages)...
Reconquête des sols stériles par la permaculture : Implantation de plantes pionnières, reconstitution d’une couche fertile, optimisation de l’utilisation de l’eau. Les travaux des pionniers et chercheurs méritent d’être divulgués largement.
Les raisons d'espérer:
Geoff Lawton: Spécialiste de permaculture tropicale a réussi a crééer une oasis perenne en Jordanie sur un terrain proche de la Mer morte.
Pablo Servigne: Auteur du rapport "Nourrir l'Europe en temps de crise" remarquable étude qui explique comment crééer une agriculture soutenable et résiliente à partir d'exemples de terrain. Rapport disponible sous le lien suivant:
http://www.etopia.be/IMG/pdf/PE-Nourrir_A4_web_22112013.pdf
Segenet Kelemu: Chercheuse éthiopienne, sélectionne des plantes de la famille des Brachiaria, résistantes et productives, pour augmenter la production de fourrage sous les climats tropicaux.
Jacques Caplat: Agronome auteur de plusieurs ouvrages sur les possibilités réelles de l'agriculture biologique:
L'agriculture biologique pour nourrir l'humanité (Actes Sud 2012)
Changeons d'agriculture, réussir la transition. (Actes Sud 2014)
Peter Ash: Formateur en permaculture tropicale qui est intervenu Au Paradis Bleu à Befotaka (Madagascar) à la demande de l'association Echange Non Marchand (ENM)